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Reconversion professionnelle : faire le tri entre le ras-le-bol et l’envie

Aujourd’hui, Ensemble1job continue sa série sur la décision de se reconvertir avec une deuxième étape : êtes-vous satisfait dans votre job? Ou pas. Et vous aide à décoder vos envies…

 

Bonjour les amis de Ensemble1job,

On continue Ensemble la série sur les reconversions professionnelles, pour vous aider à comprendre et à décoder vos envies d’autres choses, vos projets de reconversion professionnelle.

En début de semaine, nous avons évoqué le fait qu’une reconversion professionnelle est toujours le fruit d’un mouvement profond et intime, dans lequel entre une grande part de subjectivité.

Nous avons vu également que cette subjectivité était liée à la relation que chacun entretien avec son travail, qui dépend de nombreux éléments.

L’envie de reconversion qui émerge en début de carrière est souvent lié à des questions d’orientation professionnelle imposées ou décalées de l’exercice concret du métier.

Ça c’est fait !

Aujourd’hui, on passe à la deuxième étape qui peut être à l’origine d’un désir de reconversion professionnelle : une insatisfaction professionnelle qui nous envahit.

 

Pour comprendre cette insatisfaction, on retiendra 3 items :

  • L’usure professionnelle
  • Les changements des conditions de travail
  • L’influence de la vie personnelle

 

  1. L’usure professionnelle

Selon Sophie DENAVE, l’usure professionnelle est un « ras le bol » qui s’exprime dans toutes les catégories sociales. Cela ne signifie pas que la personne soit malade, en « burn out » ou quoi. Juste, elle en a ras le bol et ne trouve plus de source de motivation dans son travail. Elle fait partie selon l’enquête GALLUP sur la satisfaction au travail, des salariés désengagés qui sont…65% des salariés en France ! (= message subliminal, vous avez au moins 10 personnes à qui vous pouvez transférer ce post)

L’usure professionnelle ? C’est avoir le sentiment de ne pas pouvoir évoluer, ni en poste, ni en salaire. C’est chercher sans résultat des postes dans son domaine d’activité. Compter ses heures de travail. Développer une hyper-sensibilité au changement des conditions de travail qui prennent toute la place.

Sophie DENAVE prend ainsi l’exemple d’un manipulateur en électroradiologie qui travaille 8 ans dans le public avant de passer dans le privé, motivé par l’intérêt du poste et le salaire, et qui après quelques années n’a plus de perspective d’évolution. Il changera de métier.

Autre critère, éprouver un sentiment d’inutilité et évaluer le faible impact de son travail sur la réalité, c’est la perte de sens. Contre toute attente, c’est une situation exprimée par plusieurs anciens avocats qui se questionnaient sur la finalité de leur travail, et avaient l’impression d’être payé pour « contourner la loi », ou de faire « de la paperasse ».

On retrouve davantage ce phénomène dans les métiers qui demandent un engagement fort et ont un « sens ». La médecine et le para-médical, l’assistance aux individus (éducateur, avocats,)

 

  1. Les changements d’organisation

Deuxième source susceptible de générer des insatisfactions : les changements organisationnels qui peuvent transformer l’ambiance de travail, le relations avec les collègues et le champ d’autonomie. On ne parle pas de faits qui ont un impact direct sur le salarié (promotion, mobilité) mais d’un contexte général, d’un environnement perçu comme relativement dégradé par le salarié.

Un rachat d’entreprise, ou le changement de culture lié à la croissance, les promotions internes peuvent bien sûr avoir un impact négatif, une perte d’autonomie structurelle, sont autant de facteurs qui peuvent susciter une envie de changement.

Exemples très concrets : une salariée qui est arrivée à la création d’une société qui a vécu une forte croissance. Elle vivant dans un environnement professionnel très convivial qui lui plaisit énormément. La croissance de la société et l’augmentation du nombre de salariés ont radicalement changé cette atmosphère et la salariée ne s’y retrouve plus.

Autre exemple : les métiers très autonomes comme les commerciaux et les délégués médicaux qui ont vu se développer des outils de surveillance et de reporting qui leur font perdre cette autonomie.

Autre situation, l’éloignement du terrain. Souvent lié à des promotions, certains salariés issus du terrain se retrouvent à des niveaux de direction où les jeux politiques sont forts et ils ne s’y « retrouvent » pas. Entre le sentiment de lâcher leurs équipes et la perte de sens. Comme un refus de « la face cachée » de l’entreprise.

 

  1. L’influence de la vie personnelle

Il est évident que les évènements personnels ont un impact direct sur la vie professionnelle, et vice-versa. Certains changements professionnels très concrets dans les conditions de travail (horaires, localisation) peuvent générer des difficultés qui sont perçues comme des intrusions dans la vie privée et la perte de maîtrise dans ses choix et son « équilibre de vie ».

Dans l’autre sens, vie persoàpro, il est certain que la naissance des enfants combinée aux attentes du conjoint en termes d’évolution de carrière et l’injonction sociale de « soin » (« care ») faite aux femmes a un impact fort et les amener à se demander, très concrètement, si « le jeu en vaut la chandelle », et susciter un désir de reconversion, pour être plus en harmonie avec ses contraintes familiales. Sans compter, bien sûr, l’impact des mobilité géographiques et le décalage du profil avec le marché local de l’emploi qui facilitent la prise de décision.

 

En résumé pour aujourd’hui :

  • L’envie d’une reconversion professionnelle peut être liée à une insatisfaction professionnelle grandissante,
  • 65% des salariés en France sont désengagés dans leur travail
  • Ce désengagement peut être la conséquence d’une usure professionnelle liée à l’absence de perspectives ou une perte de sens
  • Il peut aussi être liée à des changements organisationnels qui dégradent la relation de travail ou isolent du terrain
  • Les champs personnels et professionnels sont très liés et les reconversions professionnelles sont souvent impulsées par des évènements personnels.

Alors élémentaire ? Probablement. Mais à mon (humble avis), certaines choses méritent d’être écrites, ou dites, ou lues pour faire des liens et parfois mieux comprendre où on en est…

Et bien sûr tout n’est pas aussi tranché et les différents facteurs sont souvent mêlés. Ce qui est intéressant, c’est de comprendre dans quelle mesure le désir de reconversion est directement lié à un de ces éléments et s’il est possible d’agir dessus, avant de prendre sa décision. Car ce qui compte, vraiment, c’est de faire un choix et de ne pas avancer par dépit.

Ca, ce sera le dernier post de la série, vendredi prochain, le 17 février, je reviendrai sur les éléments déclencheurs, la goutte d’eau qui fait déborder le vase et suscite une reconversion qui dans tous les cas doit être CHOISIE (en non subie).

 

Vous comprenez mieux maintenant pourquoi il faut être au clair avec les moteurs de sa reconversion. Ce serait peut-être plus simple si vous aviez un espace dynamique et bienveillant qui vous permettrait de faire part de vos questionnements, tout en étant dans une réflexion construite qui vous donne confiance.

Entrez dans un groupe collabor’actif Ensemble1job : vous aurez la méthode de travail, le e-tutorat de Ensemble1job et surtout la solidarité et l’énergie de votre groupe qui vous soutiendra à cette première étape.

Pour ces différents post, je m’appuie sur les travaux de nombreux sociologues qui travaillent sur la construction des carrières, les identités plurielles et la reconversion professionnelle : Bernard Lahire, Catherine Negroni, ….

Je m’inspire en particulier de deux ouvrages :

-un « ancien », paru en 1988 aux University of Chicago Press, « Becoming an Ex », de Helen Rose Fuchs Ebaugh. L’auteur est une ancienne religieuse qui a quitté les ordres pour enseigner la sociologie. Son bouquin se penche sur le processus de « sortie de rôle social », dans tous les domaines. (Ex-médecins, ex-homme ou femme ayant changé de sexe, ex-religieux, ex-parent à qui on a retiré la garde des enfants). Ce bouquin se lit comme un roman et permet d’y voir plus clair dans ce qui se joue quand on choisit de changer de métier. (À l’attention des lecteurs anglophones car non encore traduit en français, malheureusement)

– un « récent » paru en 2014, « Reconstruire sa vie professionnelle » de Sophie Denave, aux éditions PUF. Assez universitaire mais très clair, avec de nombreux exemples concrets.

 

Prenez bien soin de vous.

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