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Reconversion professionnelle : faire le tri entre le ras-le-bol et l’envie

Aujourd’hui, Ensemble1job continue sa série sur la décision de se reconvertir avec une dernière étape: la goutte d’eau qui fait déborder le vase.

 

Bonjour les amis de Ensemble1job,

On continue Ensemble la série sur les reconversions professionnelles, et vous aider à comprendre et à décoder vos envies d’autres choses, vos projets de reconversion professionnelle.

Nous avons commencé par évoquer le fait qu’une reconversion professionnelle est toujours le fruit d’un mouvement profond et intime, dans lequel entre une grande part de subjectivité.

Nous avons vu également que cette subjectivité était liée à la relation que chacun entretien avec son travail, qui dépend de nombreux éléments, et que l’envie de reconversion qui émerge en début de carrière est souvent lié à des questions d’orientation professionnelle imposées ou décalées de l’exercice concret du métier.

Vendredi dernier, c’était la deuxième étape qui peut être à l’origine d’un désir de reconversion professionnelle : une insatisfaction professionnelle qui nous envahit. Et l’on a vu qu’elle pouvait être liée à trois phénomènes : l’usure professionnelle, les changements organisationnels et les évènements privés.

Dernier post pour comprendre la prise de décision de la reconversion : la goutte d’eau qui fait déborder le vase, l’élément déclencheur. Pourquoi maintenant ? C’est vrai ça ?

 

Première chose, à ne pas oublier, tout élément s’inscrit dans un contexte global : une situation de ras-le-bol, un questionnement latent qui peut durer depuis des années. Ce qui compte, c’est de bien comprendre que l’évènement pris isolément serait sans conséquences, mais vécu dans cet environnement, il prend tout son sens et enclenche le mouvement vers une reconversion.

Les évènements déclencheurs sont soit d’ordre professionnel, soit d’ordre privé. Jusque-là, tout va bien.

  • Les évènements professionnels

L’évènement déclencheur est souvent lié à un fait précis, qui s’inscrit dans un contexte plus général de questionnement. Un refus d’augmentation ou de promotion, une relation managériale dégradée, une mobilité géographique forcée, un licenciement bien sûr. Sont autant de faits isolés qui peuvent déclencher un mouvement de reconversion professionnelle.

Positivement, une reconversion peut aussi être amorcée à l’occasion d’une opportunité qui se présente. Pour pouvoir l’accepter, la personne doit être suffisamment mûre dans sa réflexion pour être au clair avec son choix.

 

  • Les évènements personnels

Les évènements personnels sont d’abord les conséquences de ruptures personnelles qui font naître et modifient le regard porté sur soi et les contraintes familiales. Une séparation peut provoquer une reconversion quand l’intéressé ne voit plus d’objectif à rester dans un cadre dans lequel il ne se retrouve pas. C’est un peu la dernière digue qui tombe et l’individu peut se sentir plus libre de se réaliser, ou acculé au contraire à se mettre en cohérence avec « qui il se sent, vraiment ». Il peut aussi très simplement décider de « lâcher », faute du soutien de son conjoint qui l’aidait à tenir sa situation.

A l’inverse, une mise en couple peut être un déclencheur positif en donnant du soutien à un individu dans sa quête de réalisation de soi.

Déjà évoquée, l’arrivée d’un enfant est bien sur un bouleversement majeur qui se décline au féminin, et en fonction du nombre d’enfants, puisque 4 femmes sur 10 connaissent une modification de leur activité professionnelle après une première naissance, quand elles sont près de 6 sur 10 pour un troisième ! (quid des modifications pour les hommes ?)

La mobilité géographique peut aussi être perçue comme une opportunité pour évoluer vers une reconversion.

N’oublions pas non plus la survenance d’un évènement grave comme une maladie ou le décès d’un proche qui peut mettre en lumière la perte de sens de l’action professionnelle et poser la question du « à quoi bon ? ». C’est l’exemple d’une avocate associée que j’avais rencontrée qui a senti un changement dans ses relations avec son environnement professionnel à l’occasion de l’accompagnement d’un de ses proches en fin de vie. Elle ne les « supporte plus » et décide de quitter cet environnement dégradé à la suite de cette épreuve personnelle. Elle fera du lobbying.

  • Faire un vrai CHOIX : la contre-effectuation

Dans tous les cas, que l’évènement déclencheur soir d’ordre professionnel ou personnel, ou un peu des deux, ce qui compte entre tout, c’est :

  • D’être au clair, au maximum, avec les raisons pour lesquelles on veut quitter son métier ;

Je vais prendre un exemple très concret. J’ai décidé d’arrêter d’être avocate après une très courte expérience dans un cabinet. Je venais d’avoir ma première fille qui était toute petite. On aurait pu penser que cette décision était liée à ma maternité mais je savais que ce n’était pas le cas car j’avais passé cinq ans dans un autre cabinet dans lequel j’étais bien reconnue : je ne doutais pas de ma capacité à pouvoir être une bonne avocate. Mais ce qui était sûr, à 100%, que je n’ai jamais regretté, c’est que je n’aimais pas, mais pas du tout, ne faire que du droit.

Si j’avais quitté mon métier sur un échec ou uniquement pour une question de rythme de travail, j’aurais probablement eu des regrets ou j’y serai retournée (pourquoi pas). En tous cas, c’étaient des éléments sur lesquels je pouvais « jouer » (chercher une nouvelle collaboration, développer ma clientèle…). Mais rester avocate sans aimer le droit…comment dire…

C’est pour cela qu’il faut véritablement être au clair avec les éléments de désengagement, cette musique de fond qui augmente, et l’évènement déclencheur qui bien souvent peut-être sans conséquences.

 

  • De faire un choix vers la reconversion et ne pas la subir comme une issue « faute de mieux ». Catherine NEGRONI, autre sociologue de la reconversion professionnelle, exprime ce choix par le terme de contre-effectuation. Concrètement, cela signifie que chaque individu doit trouver le sens de l’évènement qui suscite sa bifurcation dans son propre devenir. En clair, accepter la situation et choisir de faire avec dans le futur. C’est la condition sine qua non de la réussite de toute reconversion. Accepter une difficulté ou une situation subie et choisir d’en faire une opportunité. Cette acceptation de la situation et la manière dont vous lui donnez du sens permet de se projeter vers la construction d’un futur et la « poursuite de l’action ».

Pour l’instant je fais un break pour revenir à la recherche d’emploi : vendredi prochain, le 24 février, on parlera de vos GOUTS, car l’idée, c’est bien de trouver un travail qu’on aime non ?

 

En résumé, comment ça se passe, dans la tête, une reconversion ?

  • Une reconversion professionnelle est une décision qui émerge lentement et obéit à un cheminement précis
  • L’envie de reconversion est d’abord subjective ; c’est le sens donné par un individu à certains évènements qui amène à cette décision
  • Un professionnel qui ne se sent pas « à sa place » fera plus facilement le choix d’une reconversion ;
  • On peut ne pas se sentir « à sa place » :
    • Si on a subi son orientation professionnelle
    • Si on n’a pas pu exercer le métier que l’on souhaitait
    • Si le métier qu’on exerce après ses études n’est celui qu’on imaginait, ou comme on l’imaginait.

 

Les facteurs de désengagement

  • L’envie d’une reconversion professionnelle peut être liée à une insatisfaction professionnelle grandissante,
  • 65% des salariés en France sont désengagés dans leur travail
  • Ce désengagement peut être la conséquence d’une usure professionnelle liée à l’absence de perspectives ou une perte de sens
  • Il peut aussi être liée à des changements organisationnels qui dégradent la relation de travail ou isolent du terrain
  • Les champs personnels et professionnels sont très liés et les reconversions professionnelles sont souvent impulsées par des évènements personnels.

 

Les évènements déclencheurs

N’oubliez pas que ces évènements interviennent dans un contexte dans lequel l’intéressé est déjà en questionnement sur son projet professionnel. Pris isolément, ce sont des évènements forts mais qui n’ont pas de lien automatique vers une reconversion professionnelle. Dans une reconversion, c’est toujours la subjectivité de l’individu qui prime et le sens qu’il donne à cet évènement.

  • Les évènements déclencheurs quand ils sont d’ordre professionnels sont souvent liés à des évènements très factuels de l’évolution professionnelle : mobilité, salaire, licenciement, qui s’inscrivent dans un environnement perçu comme dégradé dans lequel l’individu envisage une reconversion
  • Les évènements déclencheurs peuvent également être d’ordre personnel ; bouleversement de la cellule familiale, arrivée d’un enfant, épreuve personnelle ou mobilité géographique sont autant de bouleversements susceptibles d’enclencher concrètement le mouvement vers une reconversion
  • Dans tous les cas, la contre-effectuation de cet évènement permet de faire un choix et de se projeter dans l’avenir en considérant la situation comme une opportunité.

 

Dans tous les cas, si l’envie de vous reconvertir vous trotte dans la tête :

  • Soyez au clair avec le cheminement qui vous amène à cette envie
  • Assumez votre choix et ne le subissez comme une absence d’alternative.

Vous comprenez mieux maintenant pourquoi ça n’est pas forcément si simple d’être au clair avec les moteurs de sa reconversion. Ce serait peut-être plus facile si vous aviez un espace dynamique et bienveillant qui vous permettrait de faire part de vos questionnements, tout en étant dans une réflexion construite qui vous donne confiance.

Entrez dans un groupe collabor’actif Ensemble1job : vous aurez la méthode de travail, le e-tutorat de Ensemble1job et surtout la solidarité et l’énergie de votre groupe qui vous soutiendra à cette première étape !

N’hésitez pas à me contacter, des groupes démarrent à Nantes et à Paris. 07 86 36 07 55, Contact@www.ensemble1job.fr

 

Pour ces différents post, je m’appuie sur les travaux de nombreux sociologues qui travaillent sur la construction des carrières, les identités plurielles et la reconversion professionnelle.

Je m’inspire en particulier de trois ouvrages :

-un « ancien », paru en 1988 aux University of Chicago Press, « Becoming an Ex », de Helen Rose Fuchs Ebaugh. L’auteur est une ancienne religieuse qui a quitté les ordres pour enseigner la sociologie. Son bouquin se penche sur le processus de « sortie de rôle social », dans tous les domaines. (Ex-médecins, ex-homme ou femme ayant changé de sexe, ex-religieux, ex-parent à qui on a retiré la garde des enfants). Ce bouquin se lit comme un roman et permet d’y voir plus clair dans ce qui se joue quand on choisit de changer de métier. (À l’attention des lecteurs anglophones car non encore traduit en français, malheureusement).

– La contre-effectuation est un terme utilisé par Catherine NEGRONI dans son ouvrage paru en 2007 chez Armand Colin, « Reconversion professionnelle volontaire », c’est MA bible en la matière …

– un « récent » paru en 2014, « Reconstruire sa vie professionnelle » de Sophie Denave, aux éditions PUF. Assez universitaire mais très clair, avec de nombreux exemples concrets.

 

Prenez bien soin de vous.

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