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 Aujourd’hui, Ensemble1job vous aide à comprendre votre envie de reconversion professionnelle : Est-ce que vous êtes à votre place ?

Bonjour les amis de Ensemble1job,

Cette semaine, Ensemble1job entame une grande série, pour vous aider à comprendre et à décoder vos envies d’autres choses, vos projets de reconversion professionnelle.

Car oui, c’est établi par de nombreux sociologues, changer de métier est un processus décisionnel qui s’inscrit sur le long terme. « J’étais trader et j’ai tout lâché pour créer une crèmerie », po po po, on ne te crois pas mon gars ! Parce que si tu étais trader, c’est que tu avais investi dans de longues études, que tu as placé beaucoup d’ambition et d’engagement personnel dans ton job et que tu as probablement été déçu, ou lassé, et qu’il s’est passé un évènement dans ta vie qui t’a donné envie de réaliser une envie différente…

Donc non, le désir de reconversion professionnelle n’émerge pas du jour au lendemain, et je vais vous donner des clés pour comprendre où vous êtes et avoir des points de repère.

Le sujet est si vaste (et passionnant !) qu’il fera l’objet de 3 posts :

  • Le processus de reconversion professionnelle et sa première étape, le choix de mon futur métier
  • Des insatisfactions professionnelles qui prennent de la place
  • La goutte d’eau qui fait déborder le vase : les éléments déclencheurs

Vous me suivez ? Alors on y va ! …

Aujourd’hui, je vais vous présenter :

1)  le processus d’une reconversion professionnel

  • Les différents facteurs qui font émerger l’envie d’une reconversion
  • Le facteur N°1, LA QUESTION : est-ce que je suis à ma place ? (et c’est quoi, être à sa place ?)
  • Comment j’ai choisi mon orientation et mon métier ?

 

  1. Le processus d’une reconversion professionnel

Une reconversion professionnelle c’est trois phases :

  • La prise de décision de quitter son emploi. L’objectif d’Ensemble1job est de vous donner des éléments de compréhension pour faire le tri dans vos envies.
  • La phase de transition qui est le moment de la prise de risque, entre l’ancienne situation et la construction de la nouvelle, non aboutie.
  • L’engagement vers un nouveau métier.

 

  1. D’où vient l’envie d’une reconversion professionnelle ?

Votre envie de reconversion naît au plus profond de vous et de la relation que vous avez construite avec le travail en général, et votre travail en particulier.

Pour la faire courte, n’importe quoi n’arrive pas à n’importe qui et le désir de reconversion émerge souvent au détour d’un évènement auquel la personne concernée donnera du sens. Un sens que son voisin, qui entretien un autre rapport au travail, ne donnera peut-être pas.

Très concrètement, je prends le cas d’un jeune qui éprouve des difficultés à entrer dans la vie professionnelle : il a un premier CDI rompu par l’employeur pendant sa période d’essai. Il est ensuite recruté en CDI dans une autre société dans laquelle il reste 5 ans. En fait, il s’ennuie énormément dans son travail mais apprécie la bonne ambiance. Pour évoluer, il se fait recruter dans une structure internationale, plus compétitive. Il s’y trouve rapidement très seul et sans repère. Il décide de quitter la structure et de changer de métier.

Un autre individu aurait peut-être décidé de chercher tout en restant, sans douter de sa « vocation ». L’évènement du dernier poste négatif a revêtu un sens particulier que lui a donné l’intéressé. Il a considéré que cet « échec » relatif est la confirmation du fait qu’il n’était pas « à sa place » dans l’exercice de son métier. Un autre aurait pu rechercher le même job dans une autre structure. On pourra résumer en écrivant : « c’est l’évènement qui provoque le sens ». Une reconversion n’est jamais le fruit d’un évènement spécifique mais d’un évènement qui s’inscrit dans un contexte particulier, auquel l’individu choisit de donner du sens.

Parmi le panel de facteurs et d’évènements qui contribuent à poser la question de la reconversion, le premier sujet abordé par les sociologues est le suivant : « est-ce que je me sens à ma place ? »

  1. Le facteur N°1, LA QUESTION : est-ce que je suis à ma place ? (Et c’est quoi, être à sa place ?)

N’oublions pas que l’espace social professionnel, par la reconnaissance des tiers et le sentiment d’appartenance qu’il développe, est le premier facteur d’intégration social, qui permet donc à l’intéressé d’avoir sa place dans la société.

« Etre à sa place », c’est donc se sentir légitime techniquement, et à une position en adéquation avec ses aspirations sociales et ses dispositions professionnelles. C’est un mélange de légitimité sociale et de compétences professionnelles.

Très concrètement, on peut être un excellent professionnel techniquement mais ne pas se sentir « à sa place » si on se sent déconsidéré socialement par exemple par des études que l’on aurait pas choisies, ou une absence de promotion. A l’inverse une position sociale plus élevée que celle de ses parents peut compliquer le sentiment de légitimité (un médecin fils d’employés de bureau). Autre thème, une personne qui peine à maîtriser son métier « techniquement » aura du mal à se sentir « à sa place ».  Par exemple, un technicien en radiothérapie qui n’est pas confiant dans sa pratique (trop de responsabilités, manque de formation) pourrait douter de ses compétences et de la pertinence de « sa place ». A nouveau, cela reste très subjectif mais on peut retenir que vous êtes à votre place si vous êtes en cohérence avec vos aspirations sociales (qui je veux être dans la société), dans un métier pour lequel vous vous sentez compétent.

On comprend l’impact du choix de l’orientation professionnelle (subie/choisie) et d’un décalage entre la formation et l’exercice concret d’une profession.

Et être à sa place, c’est donc la conséquence du choix des études, et de la cohérence du métier exercé avec les projections que l’on s’en faisait.

 

  1. Comment j’ai choisi mon orientation et mon métier ?

Pour comprendre une insatisfaction dès le début de la vie professionnelle, il faut se pencher sur le choix de l’orientation. Ce choix, sociologiquement, est profondément marqué par l’environnement familial, qui peut forcer une orientation. Les déterminismes qui pèsent sur le choix des filières éducatives ont en commun un espace de choix très réduit en référence à leur situation familiale concrète, dans tous les milieux sociaux.

  • Les orientations forcées ou contrariées

Il s’agit d’abord des orientations « forcées » vers des sections technique ou « professionnalisantes » sans réflexion sur un projet professionnel. Elles concernent essentiellement les milieux dits « populaires », et sont la conséquence de résultats scolaires et d’une attitude parentale qui « subit » les choix de l’institution sans avoir toujours la ressource nécessaire pour accompagner le jeune sur sa problématique d’orientation.

C’est aussi le cas des orientations faites sous la pression familiale vers des filières dites « d’élite », sans que le désir du jeune et ses aspirations ne soient jamais questionnés.

Exemple : j’ai fait une grande école d’ingénieur pour obéir aux injonctions parentales mais je ne m’épanouis pas dans ce job.

Le rapport compliqué au travail peut également venir d’une aspiration scolaire contrariée qui limite le jeune dans ses aspirations (sûreté de l’emploi, statut social plus élevé) ou de reproduction d’un modèle social sans tenir compte des désirs du jeune.

C’est le cas par exemple d’une personne guidée par sa famille vers la fonction publique par raison, en dépit d’un goût prononcé pour la mécanique.

Dans tous les cas, ce qui compte, c’est vraiment la subjectivité de l’individu concerné : pour un même job, exercé dans les mêmes conditions, la relation au travail variera entre deux individus en fonction de la manière dont ils ont accédé à ce travail (un travail longuement désiré ou un choix imposé par les parents).

  • Le décalage entre la formation et l’exercice de la profession

Autre source d’insatisfaction : un décalage entre la formation et l’exercice concret de la profession.

Le phénomène est fréquent avec les jeunes qui acceptent un emploi sous-qualifié par rapport à leur niveau de diplôme. Cette situation les conduit naturellement vers un désengagement, voire une rupture professionnelle qui n’est que la conséquence de la non-réalisation de l’objectif initiale. (Est-ce d’ailleurs une « rupture » ou tout simplement un ajustement à la réalité). Un exemple : j’ai suivi une école de journalisme. Faute de mieux, je fais de l’assistanat.  Ma vie professionnelle n’est pas du tout ce que j’avais imaginé, et plus ça va, moins j’ai le sentiment de pouvoir sortir de cette situation…

C’est aussi le cas des formations à dominante théorique, dans lesquelles l’exercice concret du métier démarre après l’obtention de diplômes d’accès, et qui demandent par ailleurs un fort niveau d’engagement (le face à face pédagogique pour un instituteur, la technicité et la pression pour un avocat).

Inversement, les formations qui comprennent une part importante d’enseignement technique, à tous les niveaux, subissent moins de départ après l’accès à la profession.

 

En résumé pour aujourd’hui :

  • Une reconversion professionnelle est une décision qui émerge lentement et obéit à un cheminement précis
  • L’envie de reconversion est d’abord subjective ; c’est le sens donné par un individu à certains évènements qui amène à cette décision
  • Un professionnel qui ne se sent pas « à sa place » fera plus facilement le choix d’une reconversion ;
  • On peut ne pas se sentir « à sa place » :
    • Si on a subi son orientation professionnelle
    • Si on n’a pas pu exercer le métier que l’on souhaitait
    • Si le métier qu’on exerce après ses études n’est celui qu’on imaginait, ou comme on l’imaginait.

 

Vendredi prochain, le 10 février, je développerai les sources d’insatisfactions professionnelles qui peuvent susciter des désirs de reconversion.

Vous comprenez mieux maintenant pourquoi il faut être au clair avec les moteurs de sa reconversion. Ce serait peut-être plus simple si vous aviez un espace dynamique et bienveillant qui vous permettrait de faire part de vos questionnements, tout en étant dans une réflexion construite qui vous donne confiance.

Entrez dans un groupe collabor’actif Ensemble1job : vous aurez la méthode de travail, le e-tutorat de Ensemble1job et surtout la solidarité et l’énergie de votre groupe qui vous soutiendra à cette première étape !

N’hésitez pas à me contacter, des groupes démarrent à Nantes et à Paris. 07 86 36 07 55

Pour ces différents post, je m’appuie sur les travaux de nombreux sociologues qui travaillent sur la construction des carrières, les identités plurielles et la reconversion professionnelle : Bernard Lahire, Catherine Negroni, ….

Je m’inspire en particulier de deux ouvrages :

-un « ancien », paru en 1988 aux University of Chicago Press, « Becoming an Ex », de Helen Rose Fuchs Ebaugh. L’auteur est une ancienne religieuse qui a quitté les ordres pour enseigner la sociologie. Son bouquin se penche sur le processus de « sortie de rôle social », dans tous les domaines. (Ex-médecins, ex-homme ou femme ayant changé de sexe, ex-religieux, ex-parent à qui on a retiré la garde des enfants). Ce bouquin se lit comme un roman et permet d’y voir plus clair dans ce qui se joue quand on choisit de changer de métier. (À l’attention des lecteurs anglophones car non encore traduit en français, malheureusement)

– un « récent » paru en 2014, « Reconstruire sa vie professionnelle » de Sophie Denave, aux éditions PUF. Assez universitaire mais très clair, avec de nombreux exemples concrets.

 

Prenez bien soin de vous.

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